Le Raku : interaction de la terre, du feu de l'air et de l'eau
Chaque année, l'Atelier d'à Côté organise au moins trois journées de cuisson raku . Ce procédé de cuisson, bien que rapide, nécessite une installation spécifique et ne permet de cuire que peu de pièces à la fois, d'où l'intérêt de le faire le temps d'une journée.
Le Raku (Raku yaki) est une technique de cuisson, née au XVI ème siècle au Japon, qui participait à la cérémonie du thé. Chacun émaillait et cuisait son bol avant de l'utiliser.
La résultante de la cuisson raku peut se résumer par le choc thermique que subie la terre portée à environ 1000°C, exposée brutalement à l'air, puis à l'absence d'air, puis au trempage dans l'eau.
Pour résister à ces différents chocs thermiques il est nécessaire d'utiliser une terre dite à raku ou grès chamotté.
Les pièces sont façonnées et cuites une première fois dans les semaines qui précèdent la « journée Raku ».
Le jour même, pendant que le four chauffe et pendant la durée de chaque cuisson, chacun prépare ses pièces à l'enfumage. Sachant que les parties de l'objet qui ne seront pas émaillées seront noircies par la fumée, il est important de réfléchir aux dessins que l'on souhaite voir apparaître en noir et ceux que l'on souhaite voir émaillés.
On réalise alors des « réserves » sur l'objet et une des techniques consiste à appliquer un corps gras, comme la cire d'abeille, pour éviter que l'émail n'adhère à la terre. A la cuisson, la cire fond laissant apparaître la terre brut qui pourra alors recevoir l'enfumage.
Ensuite on procède à l'émaillage soit par trempage
Soit au pinceau.
Puis on enfourne les pièces précautionneusement pour ne pas qu'elles se touchent et ne s'altèrent.
Pendant toute la durée de la cuisson, l'émail fond lentement et les poteries deviennent incandescentes.
L'opération suivante est bien sûr Le DÉFOURNEMENT!
Les pièces sont ensuite retirées une à une du four et on entend alors l'émail "chanté". Il craquèle au contact de l'air froid auquel il est brutalement exposé.
Les pièces sont ensuite délicatement posées dans des cuves et bassines métalliques remplies de matières inflammables, ici sciure de bois et papier journal.
Au contact de la poterie incandescente, le papier journal et la sciure s'enflamment...
On recouvre alors les récipients et le processus d'enfumage peut alors commencer.La fumée noircie les parties non émaillées de la poterie. Sur les parties émaillées, elle s'insère dans les interstices résultant du craquelage de l'émail.
Les pièces sont ensuite retirées des cuves....
Pour être refroidies brutalement en étant plongées dans une bassine d'eau.
Les poteries subissent un nouveau choc thermique et on entend à nouveau l'émail "chanter".
La dernière étape consiste à laisser le refroidissement s'effectuer à l'air libre puis à laver les poteries pour les débarrasser des résidus de cendre éventuelles.
On découvre alors les poteries terminées qui laissent apparaitre des parties craquelées mises en relief par des parties entièrement enfumées.
Et voici la production de toute une journée de cuisson raku qui a eu lieu le 24 janvier dernier.
Bravo aux participants pour leurs réalisations!
Maintenant que la cuisson raku n'a plus aucun secret pour vous, vous êtes prêt pour les prochaines qui auront lieu le 14 mars et 14 juin prochain.
La dernière journée se déroulera pendant le week-end de porte ouverte de l'atelier et sera donc l'occasion pour le public de satisfaire sa curiosité et de s'émerveiller à chaque étape de la cuisson.
Merci encore à Laurent pour avoir réalisé ce reportage photos très détaillé et complet.